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Les milieux naturels restaurés sont plus résilients face au changement climatique et aux sécheresses

Conséquence de l’importante sécheresse de cette année et de notre gestion de l’eau, de nombreux cours d’eau se sont retrouvés à sec et plusieurs cas de mortalités piscicoles ont été relevés. Une situation que personne ne souhaite se voir reproduire. Toutefois, contrairement à certaines idées reçues, les barrages et plans d’eau ne constituent pas une solution face au changement climatique et aux sécheresses, ils peuvent même en renforcer les effets et nuire à la survie de la biodiversité. À l’inverse, un milieu aquatique dont le fonctionnement naturel est restauré, en diminuant l’impact des activités et aménagements humains, sera plus résilient. Et des économies d’eau, pour réduire les prélèvements dans le milieu naturel, seront indispensables pour s’adapter et préserver notre environnement.

© Le Thouet à la Trébesse (79) – CONSTANTIN (2007)

Barrages et plans d’eau : obstacles à la biodiversité et aux économies d’eau

La présence de barrages ne garantit pas le maintien de la biodiversité aquatique en période de sécheresse. Les plans d’eau, qui résultent d’un barrage sur le cours d’eau, détériorent la qualité du milieu aquatique : l’eau stagne, chauffe, le milieu perd en oxygène et s’eutrophise. Ils ne constituent pas des refuges pour la biodiversité, mais des pièges. De ce fait, les barrages entraînent également une perte de la biodiversité d’eau vive, favorisent les espèces invasives ainsi que l’apparition des bloom algaux et des cyanobactéries toxiques. De plus, si les barrages peuvent donner l’impression de maintenir un certain niveau d’eau, ce n’est que temporaire, ils n’ont aucun effet sur le débit qui diminue, réelle cause de l’assèchement des rivières, et augmentent l’évaporation sur cette surface d’eau stagnante et donc la perte d’eau. Enfin, l’étendue d’eau masque la diminution du débit et donne un sentiment d’abondance qui ralentit la réactivité face à la sécheresse et la réduction des prélèvements.

À l’échelle plus large du bassin, il est également à noter que plusieurs études ont démontré que la présence de plusieurs barrages sur un même cours d’eau pouvait aggraver la sécheresse. En Espagne, pays fortement impacté cette année par les assecs, l’analyse a montré, au regard des sécheresses entre 1945 et 2005, que les épisodes les plus sévères et les plus longs avaient lieu sur les bassins les plus régulés par la présence de barrages.

Restaurer des milieux naturellement résilients

Au contraire, un milieu naturel dont le fonctionnement est préservé et où la biodiversité et l’eau peuvent circuler librement, sera plus résilient. En effet, le lit d’un cours d’eau est naturellement adapté aux sécheresses (zones refuges, diversité des écoulements…) et les poissons peuvent anticiper les assecs – le débit diminuant progressivement, et se déplacer librement vers les secteurs encore en eau ou vers les cours d’eau principaux bénéficiant encore d’un débit suffisant. Une rivière naturelle, contrairement à une succession de plans d’eau, connaît une diversité d’habitats et d’espèces. Elle se dessine également en méandres, ralentissant l’écoulement de l’eau, en connexion avec sa nappe d’eau souterraine qui le soutient pendant l’étiage et les zones humides.

Les travaux de restauration de la continuité écologique, et plus largement de restauration des milieux naturels et de leur fonctionnement originel, permettent cela. Par exemple en Mayenne, suite aux travaux de restauration menés par le syndicat du JAVO, aucune mortalité piscicole n’a été déplorée aux anciens seuils malgré des assecs et de très faibles débits ; les seuls poissons morts l’étaient par asphyxie dans des petits plans d’eau. Mais pour préserver la biodiversité en période de sécheresse, il faut également que les prélèvements ne soient pas trop importants pour maintenir une quantité d’eau suffisante dans le cours d’eau, ce qui n’est pas toujours le cas…

Préserver la biodiversité en période de sécheresse

Nous partageons la colère et le désarroi de nombreux acteurs face aux mortalités piscicoles que nous avons pu constater sur notre territoire lors de l’épisode de sécheresse en cours. 2022 est une sécheresse importante (encore en cours), en raison de l’absence de précipitations dès le début de l’année. Mais la situation de 2022 risque de devenir la norme selon les prévisions du changement climatique, surtout si nous n’agissons pas. Or, que ce soit sur le court ou sur le long terme, les prélèvements n’ont pas été adaptés à la situation, il n’y a eu aucune anticipation. Et en période de crise, les milieux aquatiques, pourtant définis comme prioritaires dans les arrêtés cadres sécheresse, ont été sacrifiés au profit du maintien des usages économiques qui ont vidé les rivières.

Pour aller plus loin :

Article publié le 7 septembre 2022