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Braconnage de civelles : condamnations pour trafic « en bande organisée »

Le tribunal correctionnel de Nantes vient de rendre son verdict dans l’affaire de braconnage de civelles qui avait été audiencé début décembre. Les juges ont retenu la qualification de trafic en bande organisée : un signe clair du renforcement de la lutte contre ce trafic lucratif pour les réseaux qui l’organisent et catastrophique pour les anguilles

Photo : A. Richard – ONEMA

Le braconnage : une des causes du déclin des populations d’anguille

Les causes du déclin de l’anguille sont multiples : obstacles à la continuité écologique avec multiplication des barrages sur les cours d’eau, dégradation de la qualité des eaux, détérioration des habitats avec aggravation des étiages… Le braconnage des civelles, alevins de l’anguille, participe lui aussi à la baisse des populations dans un contexte de forte attractivité économique de « l’or blanc ». Revendu jusqu’à 2.000€ sur le marchés asiatiques, 1 kg de civelles prélève environ 3.000 individus aux milieux naturels. Autant d’alevins qui ne pourront pas grandir pour perpétuer l’espèce, considérée en danger critique d’extinction sur la liste rouge des l’UICN.

L’estuaire de la Loire est un secteur particulièrement prisé des braconniers. C’est de là qu’est partie une enquête déclenchée par des discordances entre les quantités de civelles déclarées comme pêchées (légalement) et celles déclarées comme achetée par des mareyeurs. Menée entre 2013 et 2016, l’enquête a mis en évidence le transport et la revente illicites de plusieurs centaines de kilos de civelles vers l’Espagne, avec pour destination finale les marchés asiatiques.

S’attaquer aux réseaux pour lutter contre le trafic

Les 9 personnes poursuivies à l’issue de l’enquête, impliquées à différents niveaux dans le trafic en question, viennent d’être condamnées par le tribunal correctionnel de Nantes à des peines allant de 1 an de prison avec sursis à 2 ans de prison fermes, avec des amendes montant jusqu’à 30.000€. Des peines substantielles, auxquelles s’ajoute l’indemnisation des différentes victimes dont les associations de protection de l’environnement telles FNE Pays de la Loire, Bretagne Vivante et Eau et Rivières de Bretagne, qui s’étaient constituées parties civiles dans ce dossier.

Dans son jugement du 7 février 2019, le tribunal correctionnel de Nantes retient une qualification qui était rarement employée jusqu’à présent : celle de trafic en bande organisée. Ceci témoigne d’une évolution de la politique de répression du braconnage de civelles du système judiciaire, qui vise désormais les réseaux entiers (pêcheurs, mareyeurs, acheteurs…) après s’être longtemps concentrée sur les seuls braconniers. Une orientation plus globale qu’on ne peut que soutenir, mais qui suppose l’allocation de moyens suffisants aux enquêteurs afin d’identifier les têtes de réseaux. Dans le dossier nantais, il est probable les véritables commanditaires n’aient malheureusement pas été identifiés.

Mise à jour : 11 février 2019

À propos Benjamin Hogommat

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