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Dix an après Xynthia : en finir avec le déni du risque

Publié le 1 mars 2020

28 février 2010 : c’est la sidération en Vendée. On déplore 29 morts à la Faute-sur-Mer, 12 000 hectares de terrains bas sont submergés. L’ampleur de la catastrophe aurait dû balayer le déni quasi général des risques côtiers. Pourtant, 10 ans après, leur réalité n’est pas perçue partout, alors qu’ils s’accroissent du fait de l’accélération de la hausse du niveau marin et d’une urbanisation du littoral peu maîtrisée.

 

Avant Xynthia

 

Depuis 1987, la législation prévoyait que des plans de prévention des risques naturels (PPRN) identifient les zones exposées pour y interdire la construction. Dans l’estuaire du Lay, à partir de 2001, le rejet par les élus et par une partie de la population d’une limitation des zones constructibles a bloqué l’élaboration d’un tel plan. Quant au reste du littoral vendéen, le sujet n’y était même pas envisagé.

 

Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, dépassant la cote d’occurrence centennale censée faire référence, la tempête Xynthia entraînait le drame de La Faute-sur-Mer. Phénomènes érosifs, multiples dégradations, brèches et submersions touchèrent la plus grande partie du littoral vendéen.

 

Après Xynthia

 

En février 2011, l’État accélérait les plans de prévention des risques littoraux : en 3 ans, 242 nouvelles communes littorales devaient en bénéficier.

 

En Vendée, les contestations se sont multipliées : zonages jugés « excessifs », procès en incompétence des services de l’État, revendication de pouvoir urbaniser derrière les digues.

 

Le cas de l’île de Noirmoutier est aussi révélateur que consternant : l’opposition au PPRL, entendue au plus haut niveau de l’État, a fait qu’on s’en est tenu au niveau marin observé lors de Xynthia.

 

Refusant d’intégrer l’impact prévisible du changement climatique sur les côtes basses, les élus ont obtenu de minimiser les zones à risque fort de submersion. C’est ainsi que des constructions peuvent s’édifier aujourd’hui dans des zones d’abord jugées devoir être inconstructibles. La mise en révision de ce PPRN sera d’autant plus douloureuse…

 

La quasi totalité des plans de prévention a été jugée inacceptable par des élus, les chambres de commerce et d’agriculture et par des collectifs locaux porteurs d’intérêts économiques. Plusieurs ont été attaqués par des collectivités devant les juridictions administratives (Recours tous perdus à ce jour). Le message ainsi adressé aux populations retarde la prise de conscience nécessaire.

 

Mais que font les PAPI ?

 

Les élus locaux ont freiné devant les PPRL, mais réclament l’accélération des programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI). Ces deux outils concernent la « prévention », mais les seconds appuient fortement sur la« protection » : 90% des 101 M€ programmés par les 7 PAPI du littoral vendéen sont dédiés à des protections en dur.

 

Ce « privilège donné aux travaux de génie civil * » écarte toute réflexion sur d’autres options : renaturation et éventuelle recomposition spatiale des territoires.

 

Accélérer, mais dans quelle direction ?

 

L’annonce d’une simplification des procédures liées aux PAPI ne doit pas rassurer ! On a pu voir qu’à vouloir aller vite, on prend le risque de mal analyser les effets, pas toujours bénéfiques, de travaux projetés. Et simplifier pour accélérer accentuera la dérive qui privilégie partout le génie civil sur les méthodes douces dont l’intérêt, y compris en termes économiques, doit être souligné.

 

Enfin, mettre l’accent sur les seules habitations exposées aux risques est insuffisant : insérées dans des ensembles urbains avec infrastructures routières, réseaux, stations d’épuration, équipements sociaux et de santé, centres de secours, zones commerciales…, elles ne sont pas seules à pouvoir être submergées. C’est donc à une échelle large que le sujet doit être réfléchi, en présentant la globalité des enjeux au public, préalablement à une large concertation. Les défis qui nous attendent ne seront pas relevés sans en finir avec le déni encore trop répandu. Il s’agit d’aborder lucidement les mesures d’évitement ou de limitation des risques, sans penser uniquement que l’Océan n’aura qu’à bien se tenir face aux murs qu’on prétend lui opposer!

 

* Évaluation du dispositif des programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI) et de l’efficacité de sa mise en œuvre. Rapport CGEDD n° 012877-1 / IGA n° 19053R, octobre 2019.

 

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